Lorsque j’étais enfant, je suis tombée sur cette photo et j’ai demandé à mon père, « papa, pourquoi il est habillé comme ça lui ? Parce que c’était un zouave… » La réponse paternelle a longtemps nourrit mon imagination. Un zouave, un zouave, c’est quoi un zouave ? Quelqu’un qui fait le zouave ?
Ayant un peu grandit, je suis retombée dessus et cette fois, renseignement pris, je sus qu’il s’agissait d’un régiment d’infanterie d’Afrique du Nord. Ok, mais sur la photo, c’est Maurice Chaumeil, un frère de mon arrière grand-père, Joseph Chaumeil. Mais alors pourquoi faisait-il partit d’un régiment africain ?
Étymologiquement, le terme « zouave » vient du berbère « zwawa » ou « zouaoua », qui était le nom d’une tribu kabyle qui fournissait des janissaires à l’Empire ottoman. Lors de la prise d’Alger, en 1830, ces soldats entrèrent au service de la France, au sein des unités françaises d’infanterie légère appartenant à l’armée d’Afrique. Ces unités étaient composées de soldats d’origines kabyle et européenne, puis exclusivement européenne à partir de 1842 et jusqu’en 1942. Durant la Seconde Guerre mondiale, de novembre 1942 à mai 1945, à cause du manque d’effectif, les zouaves redeviennent des unités mixtes.
L’uniforme des zouaves se compose d’une coiffe arabe dite « chéchia », sorte de bonnet de feutre rouge. La « bedaïa », veste-boléro de forme algérienne, en drap bleu foncé avec passepoils et tresses garance, est portée sur le « sédria », gilet algérien sans manche en drap bleu foncé à tresses garance. Le « tombô » de la veste, sorte de fausse poche dessinée par une arabesque formée par la tresse décorative, est à la couleur du régiment. Le pantalon arabe, le « sarouel » (dit aussi « saroual », « seroual » ou encore « serouel ») est d’une forme très ample et sans séparation d’entre-jambe. Il possède même un trou au fond, le « trou Lamoricière1 », prévu pour laisser écouler l’eau lors des passages de rivière. Une ceinture de laine bleu indigo vient s’enrouler à la jonction du bas du gilet et du haut du sarouel (cette ceinture est destinée à tenir les intestins au chaud pour lutter contre la dysenterie).
La ceinture, qui mesurait 40 centimètres de large pour quatre mètres de long, était l’élément le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à l’aide un de ses compagnons.
En guise de manteau, le zouave possède un collet à capuchon, sorte de pèlerine ample mais courte, fabriquée en drap de couleur « gris de fer bleuté ». Des bandes molletières en drap de la couleur du collet, portées avec des souliers cloutés de cuir noir, complètent la silhouette du zouave. Le style de cet uniforme, partagé avec les troupes indigènes de tirailleurs et de spahis en Algérie, variant totalement de celui des autres troupes d’infanterie française, a pour origine le style vestimentaire des populations kabyles de l’époque, dont la tenue traditionnelle s’inspirait très largement de celle des envahisseurs turcs qui occupaient le pays depuis des décennies.
De la classe 1913, mon arrière grand-oncle fit son service en Algérie et intégra le 1er régiment de zouaves en décembre 1913. Mobilisé avec son régiment le 20 août 1914, il participa à la bataille de Charleroi, la bataille de la Marne et à la bataille d’Ypres. Le régiment est envoyé dans les Flandres en 1915. Là, Maurice est placé en service auxiliaire par décision de la commission de réforme pour asthme, emphysème et bronchite le 24 septembre 1915. Puis, il passe au 19è escadron de train le 11 décembre 1916. Il est décédé à 26 ans, le 15 janvier 1919, à Bastogne en Belgique, mort pour la France des suites de maladie contractée en service.
J’ai un également un grand-oncle qui était zouave. Il s’agit de Jules Daniel, le frère de mon grand-père maternelle Joseph, et le parrain de ma mère. Il a fait partit d’un régiment pendant la seconde guerre mondiale. Etant de la classe 1928, je ne peux accéder à sa fiche matricule pour l’instant, (les fiches matricules ne sont consultables que jusqu’aux classes de 1920) et je n’ai donc pas d’autres informations.