Mon grand-père paternel s’appelait René Chaumeil (1907-1995). Il avait 73 ans lorsque je suis née.
Je me souviens…
Je me souviens de cet homme âgé à l’air sévère qu’il ne fallait pas déranger
Je me souviens qu’il s’installait dans son fauteuil en cuir marron pour regarder la télé. Je me souviens qu’il avait un haut parleur posé à côté de lui, relié à la TV par un long fil qui passait devant la porte et qu’une fois je me suis prise les pieds dedans. Je me souviens que bien qu’il y ait eu deux fauteuils, je n’ai jamais vu mamie assise dans le second.
Je me souviens de ces longs dîners en famille à Lornac autour de la grande table. Je me souviens que j’adorais ces énormes bancs mais que ma sœur et moi n’attendions que l’autorisation de sortir de table pour filer jouer dehors toutes les deux ou avec nos cousins Philippe et Olivier.
Je me souviens de mamie s’affairant en cuisine avant et pendant les repas.
Je me souviens du tic-tac lent et régulier de la comtoise du salon et de ce petit repose pieds en bois qui me plaisait tant.
Je me souviens que nous l’appelions « Pépé » même si je ne lui ai guère adressé la parole dans ma vie et réciproquement.
Je me souviens de sa canne et de sa casquette.
Je me souviens de son bureau encombré d’un inextricable fouillis et d’une boite de pastilles Vichy que j’adorais sucer puis croquer.
Je me souviens des tapettes à mouches, une verte et une rouge qu’il abattait sur la table sans crier gare et qui nous faisait sursauter. Je me souviens que j’aurai aimé jouer avec mais que nous n’en avions pas le droit.
Je me souviens de ce grand placard à droite de la cheminée qui ressemblait à la caverne d’Ali Baba. Il y avait entre autre cette couverture écossaise qu’il mettait sur ses genoux.
Je me souviens de ces bancs-coffre installés dans l’âtre de la cheminée. Je me souviens que je trouvais extraordinaire d’avoir une cheminée si grande que l’on pouvait y mettre des bancs pour s’y asseoir !
Je me souviens du téléphone à cadran rotatif et de son écouteur qui permettait à une tierce personne d’écouter la conversation.
Je me souviens du poulailler dans lequel nous montions grâce a une vieille échelle en bois branlante.
Je me souviens des clapiers à lapin que l’on n’avait pas le droit d’ouvrir mais que nous escaladions pendant nos jeux.
Je me souviens des mains de Pépé et de ses doigts coupés.
Je me souviens de la grange de l’autre côté de la route dans laquelle une échelle nous permettait d’accéder à un étage rempli de paille. Je me souviens d’y avoir un jour trouvé un œuf blanc en plastique…
Je me souviens que nous avions mis l’échelle entre l’étage de la grange et celui de la bergerie et que nous traversions ce pont en nous prenant pour Indiana Jones.
Je me souviens des deux immenses abreuvoirs à bestiaux remplis de mauvaises herbes, de ronces et d’orties que nous escaladions et dans lesquelles mon père me racontait être tombé quand il était petit !
Je me souviens de l’escalier extérieur menant à la cave et du muret qui l’entourait et sur lequel nous montions aussi.
Je me souviens de la lucarne de la grange au-dessus de laquelle est inscrit « Chaumeil Joseph 1927 » et à travers laquelle je m’entraînais à tirer à l’arc avec papa.
Mamie et Pépé
Olivier, Valérie, Philippe et moi