Le livre de chanson de mon aïeule était le « portoloin » qui me faisait traverser le temps jusqu’à elle !
Dans ceux que j’ai eu la chance de voir, un des plus émouvants est l’acte de naissance de mon ancêtres direct, François Chaumeil, né le 13 mars 1790 !
Je tenais cet acte dans mes mains, ce papier épais et rêche, je suivais le tracé des lettres du doigt, le relief du sceau… je me sentais transportée !
Les objets sont aussi très émouvants comme la médaille de mon arrière grand-père mort pour la France ou la navette de tisserand de mon arrière, arrière-grand-père !
Fabuleux trésor de nos archives, les documents ne sont pourtant pas toujours faciles à comprendre : l’écriture est parfois hésitante voir illisible, le tracé de certaines lettres différait de celles actuelles, quand ce n’est pas carrément les tournures de phrases qui nous bloquent. Et lorsque l’on se heurte au jargon notarial ou de justice, c’est encore plus difficile à comprendre.
Alors voici quelques conseils pour déchiffrer un document :
Attachez-vous en premier à la forme du document :
- Identifiez le type de document peut déjà vous aider (acte de mariage, testament, vente).
En retrouvant les formules « usuelles », les abréviations dont le sens est familier, vous balisez le document. - Essayez de lire le texte en entier pour, si possible, en comprendre le sens général.
- N’hésitez pas à numéroter les lignes du document et à utiliser la même numérotation pour la transcription, cela aide à se repérer dans le texte
- Dans la même idée, respectez les retours à la ligne dans la transcription.
- Repérez les dates, les titres, les noms, les professions des personnes, les noms de lieux et les mentions dans la marge
Ensuite, étudiez l’orthographe et la syntaxe :
- Faites attention aux lettres initiales et aux lettres finales des mots, aux jambages et aux hampes de certaines lettres, ainsi qu’aux écritures minuscules et majuscules des lettres.
- N’oubliez pas qu’une même lettre chez un même rédacteur peut s’écrire différemment selon qu’elle figure en début ou en fin de mot.
- Comparez les éléments entre eux afin de déchiffrer de nouvelles lettres, de nouveaux mots.
- Respectez l’orthographe du texte original (on peut mettre l’orthographe actuelle entre parenthèses , idem pour les chiffres romains, les écrire en chiffre arabes). Attention cependant à ne pas surcharger la transcription
- Résolvez les abréviations sauf : Sr, Me, Led. (pour sieur, maître, ledit/ladite…).
- Séparez les mots qui étaient « soudés » dans le texte original.
- Laissez en blanc les mots illisibles (on peut éventuellement les décalquer soigneusement avec un crayon de papier)
- Faites toujours très attention aux erreurs de transcription qui peuvent changer le sens
- Le vocabulaire qui peut varier d’un lieu à un autre, d’une période à une autre : termes spécialisés, mots en patois, en latin (langue parfois utilisée dans les registres jusqu’en 1736)… Le recours à un lexique est parfois indispensable.
- L’orthographe est souvent approximative et phonétique.
- La majuscule des noms et prénoms est souvent absente
- La ponctuation est parfois absente, souvent aléatoire.
- Les noms propres sont souvent sources d’erreurs de transcription. N’hésitez pas à feuilleter la liasse de documents ou le registre, pour repérer les noms les plus fréquents ou les graphies assez proches.
Le document dans son contexte historique :
- Les dates et les calendriers : La concordance des dates entre le calendrier républicain et le calendrier grégorien est souvent difficile (un tableau de concordance est nécessaire). Parfois même, les deux sont mélangés. J’ai un aïeul né le 11 Floréal 1793 !
- Du XVIIème au XIXème siècle, les mois sont souvent notés :
- 7bre pour septembre ou parfois 7 bris ou VII bris = septembris
- 8bre pour octobre ou 8 bris = octobris
- 9bre pour novembre ou 9 bris = novembris
- 10xbre pour décembre ou 10 bris = decembris
- Pour les noms de lieux, une carte au 1/25 000e est indispensable
Pour vous aider :
- Regardez des vidéos sont disponibles sur internet
- De nombreux cours d’initiation à la paléographie sont proposés par les universités
- Les centres d’archives (Archives nationales, départementales, parfois municipales)
- Ou encore les associations de généalogie
Conservation des documents anciens :
Même sans disposer des équipements ou produits d’archivistes professionnels, vous pouvez adopter des mesures simples pour préserver vos documents et objets de famille :
- Utilisez des produits dédiés aux archives, ne contenant que peu ou pas de substances acides : comme par exemple des boites d’archivage (Artdoctor.fr, atlantis-france.com, lindner-original.fr)
- Pensez à étiqueter et classer dans des dossiers ou des boites vos documents. Ils auront plus de chances de survie que s’ils sont gardés en vrac et permettront à vos descendants de les identifier rapidement. J’ai trop souvent vu des documents garder en fouillis dans des sacs plastiques, plein de poussière, dans un état lamentable…
- Le lieu de stockage doit être aussi choisit avec soin. Essayez de Respecter les conditions suivantes : une température entre 5 et 25° maximum, si possible sans variation thermique, comme cela peut-être le cas d’un grenier ou d’un garage non isolés. Attention à l’humidité : éloignez vos documents des pièces où se dégage de la vapeur comme les salles de bain et cuisine. Pas d’exposition directe à la lumière du jour ou des lampes fluo récentes. Les papiers jaunissent et deviennent friable, l’encre disparaît… Trouvez un espace de rangement à l’abri de la poussière, bien aéré pour éviter les moisissures. Stockez aussi à l’abri des souris et autres rougeurs : la cellulose contenue dans le papier attire les rongeurs
- Attention à la plastification : largement répondue, cette technique est terriblement dommageable pour les documents ! La chaleur fait adhérer le plastique aux documents. S’il est vrai que cette pellicule évite au papier d’être déchiré ou mouillé, elle a l’inconvénient de les décolorer, d’en effacer l’encre et d’en détériorer les fibres. Tout objet plastifié, sans avoir été désacidifié au préalable, continue à se dégrader sous sa feuille protectrice. À la longue celle-ci aura tendance à s’enrouler.
- Faites des copies de tous documents ou photographies anciens ou précieux, ainsi que de vos fichiers informatiques. Ces doubles remplaceront les originaux en cas de perte ou de destruction. Pensez à les conserver les uns et les autres en deux lieux différents ! Et pensez aussi aux sauvegardes sur le cloud.
- Les pochettes plastiques sont des moyens de rangement parfait.
Prenez les à base de polyester, de polypropylène ou de polyéthylène. Ces matières sont transparentes et assez rigides. Les pochettes, ouvertes sur le côté, permettre l’aération des documents qu’elle contiennent. Vous pouvez ensuite ranger vos documents dans vos classeurs et les consulter facilement sans les abîmer.
Voilà, je pense avoir fait à peu près le tour. J’espère que vous garderez longtemps vos documents anciens et n’hésitez pas à demander de l’aide pour les déchiffrer si besoin.